|
QUE LA FORCE SOIT AVEC NOUS Juillet 2000 L'objectif de cet article est de râler contre tous ceux qui râlent : trop de boulot, toujours plus compliqué, pas assez de personnel , pas assez payé, mépris de l'administration, ... j'en passe... et des meilleures (ou plutôt des pires !) Keep Cool , collègues et collègues ! Nous avons un job FOR - MI - DA -BLE qui n'a jamais été aussi intéressant et satisfaisant que maintenant. Passons en revue ce qui fâche : Trop de boulot, oui, mais lequel ? Il y a 14 ans , une part non-négligeable de mon travail consistait à RECOPIER, recopier les mandats, recopier les DBM, recopier les Comptes Financiers, les feuilles de consommations avec les fiches articles et les fiches fournisseurs, je calculais la situation mensuelle des dépenses engagées. Maintenant, je bosse pour essayer de faire partir tous les élèves d'un niveau en voyage, je monte des marchés pour un groupement de commandes, j'organise la mise en réseau de tout l'établissement avec nos moyens propres et ceux de la collectivité, je participe concrètement aux projets européens du collège (j'ai même été en séminaire à La Haye !)... dois-je choisir entre le gratte-papier que j'étais et le réel gestionnaire que je suis devenu. C'est à présent que je me sens participant concrètement à un service public et pas à une administration. Toujours plus compliqué : Chic !, je suis autre chose qu'uniquement un comptable avec son professionnalisme aigu dont personne n'en a rien à faire à l'exception des Inspecteurs du Trésor et de la CRC, nous pouvons aussi nous prévaloir d'autres compétences : juridiques (pour les différents actes du Conseil d'administration ou dans les différentes activités de l'établissement), compétences en sécurité (alimentaire et les différents contrôles réglementaires), compétences administratives (pour la constitution de dossiers de locaux à internationaux), compétences en matière d'achats et de marchés publics (gage d'une cohérence et d'une efficacité matérielle et financière), compétences techniques en chaufferie, bâtiment, réseaux, TICE, compétences sociales (nos connaissances de la situation notamment financière des familles aident à réaliser des actions concernant tous les élèves: voyages, accès à la demi-pension)compétence informatiques pour les uns, diététiques pour les autres etc. ... Bref, nous sommes devenus des acteurs incontournables de la vie de l'établissement. Nous ne sommes plus ceux qui disent "NON" mais plutôt : "C'est possible Ainsi" voir même : "on pourrait peut-être réaliser telle action ou tel projet" . j'entends certains me dire : "On n'est pas formé pour cela". Mais une compétence ne se reçoit pas, elle s'acquiert, elle n'est pas innée, mais on peut la construire partout, dans des livres, des revues et même sur Internet (si, si !). Pas assez de personnel : sujet délicat, mais je n'aurai qu'une annonce : "Échange deux fonctionnaires "pur jus" contre un animé d'un esprit de Service Public" à savoir pour nous : bosser pour les gamins et pour les profs (surtout ceux qui se bougent...). Trêve de plaisanteries (quoique !), si on n'a pas assez de monde, on laisse tomber tout ce qui n'est pas directement Service Public ( relations ou enquêtes de notre bien aimée administration, notations.. par exemple). Bref, on a besoin de plus de gens soucieux de la qualité de leur travail et maîtrisant bien les outils informatiques (c'est fou le temps qu'on gagne !). Pas assez payé : étant APASU, agent comptable, je ne la ramène pas vis à vis de secrétaires ou OEA. Et, puis, je reste sur la vielle conception du Service Public, je travaille "gratuitement", "par vocation" et l'Etat me verse un traitement me permettant un certain train de vie. Je ne veux pas avoir le sentiment d'être exploité, cela m'évite d'être aigri et de travailler à reculons.Si, je veux faire du "fric", je vais dans le privé (du moins, j'essaie. Pour l'instant, je me sens bien dans le Service Public et j'arrive à vivre correctement en rêvant encore sur les choses qu'un jour, j'acheterai. Ceci dit, je suis comme tout le monde, je suis prêt à une augmentation. Mais, quand je vois le boulot de certains qui s'estiment sous-payés, je croirais volontiers le contraire. Bref, l'exigence sur notre rémunération est le corollaire de notre propre exigence dans notre travail. Mépris de l'Administration : Depuis quand
devons-nous compter sur l'Administration, IA, Rectorat, Ministère ? On connaît la règle
essentielle prévalant dans ces sphères : "Pas de Vagues, surtout pas de
Vagues". Nous avons appris à nous passer de leur soutien, voire à redouter leur
pouvoir de nuisance. Le mot le plus couramment utilisé pour les définir de l'intérieur
est "Panier de crabes". Et surtout, ce n'est pas pour eux qu'on travaille, nous
sommes et des femmes de terrains confrontés à la réalité c a d dans l'Education
Nationale : les élèves, profs et parents d'élèves et c'est pour eux que l'on bosse pas
pour un Ministre, un Recteur un IA et encore moins pour un Chef de Division. Par ailleurs,
reconnaissons que nous sommes perfectibles et que nous sommes pas des gens
"merveilleux" et que si on peut nous faire des compliments, on peut aussi nous
faire des reproches dans l'exercice de nos fonctions. Personnellement, je regrette que le
coup de pied dans la fourmilière d'Allègre est été sans suite, la volonté me
paraissait bonne : moins d'Administration, plus de gamins. Et, je rêve de réunions avec
nos tutelles où nous pourrions parler plus des moyens mis à la disposition des enfants
et moins de carrières ou de relations établissement-administration. Conclusion : Jusqu'à preuve du contraire, nous n'avons qu'une vie, c'est trop court pour s'ennuyer pendant 20 ans et plus. Maintenant que nous sommes débarrassés d'une partie du boulot routinier, nous pouvons nous épanouir dans un travail tourné essentiellement sur l'élève qui constitue notre mission et un critère d'action (en quoi, ce que je suis en train de faire actuellement est utile à l'enseignement des enfants). Nous ne pourrons pas faire un monde parfait, mais, nous pouvons contribuer localement à ce que les choses aillent un peu mieux. Monter et réaliser des dossiers donnent du boulot, mais les loustics pourront avoir de meilleures conditions d'enseignement et c'est cela le plus important. Un gestionnaire fait que les choix financiers soient des choix pédagogiques. Et c'est là notre place pour les années à venir. bref, retroussons-nous manches, on a besoin de nous ! et ne restons pas dans notre ancien domaine d'action : les comptes et les produits alimentaires. |